Et tâche d’être sage, sinon... » Chaque matin cette phrase stupide se répète des milliers de fois lors de la rentrée en classe. Un baiser rapide et le parent peut enfin respirer le goût de la liberté. Jusqu’au soir où il pose la question rituelle : "t’as été sage ?" Dès son plus jeune âge, l’enfant est façonné dans une mentalité de congés payés : "Vivement les vacances !" Certains vont passer plus de vingt ans de leur vie avec comme seul horizon l’obtention d’un sacro-saint diplôme, sésame diabolique pour une reconnaissance sociale qui leur permettra de transmettre, à leur tour, les "clefs de la réussite". C’est la planète des singes. Alors que l’école est une chance, une source d’ enrichissement formidable, dans une confusion mentale dramatique la société mélange connaissance et transmission de la connaissance, le fond et la forme, ramenant le travail à un instrument de torture, alignant les zéros, les colles, les punitions, les classements, les avertissements, les médailles, les résultats, comme autant de garde-fous à une autorité qui oublie de donner du plaisir. Un autodidacte qui apprendra par passion sera forcément suspect et inférieur à ce"brillant" jeune homme qui, toute sa vie, gérera son diplôme.
"Donne-moi un bic !" Cette petite phrase énerve le touriste. Savez-vous qu’ils sont des millions dans le monde à vouloir aller à l’école, à réclamer un accès au savoir, à dévorer le moindre imprimé, à marcher des heures sous le soleil pour apprendre à compter et lire. Eux aussi ont droit à un cartable.
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