Interview de Catherine et Bernard Desjeux à l’occasion de la parution du Guide Hachette Evasion Mali dont ils sont les auteurs, textes et photographies.
Quelles sont vos attaches avec le Mali ?
Un accord de guitare entendu à travers la vitre d’une vieille landrover sur une piste du nord Niger à la fin des années 70. Un accord comme un appel, accompagnant le chant du musicien Ali farka Touré. Une musique totalement traditionnelle et totalement nouvelle issue du cœur de l’Afrique de l’ouest : la boucle du Niger, la région de Tombouctou. Nous avons entendu le Mali avant de le voir puis de le vivre. Un premier et long voyage en 1981 avec les enfants dans des conditions très spartiates suivis de beaucoup d’autres nous ont permis d’y tisser de nombreux liens d’amitié.
Vos plus belles rencontres lors de ce reportage ?
Il ne s’agit pas vraiment d’un reportage mais d’une longue complicité avec un pays et son peuple. le point culminant étant sûrement la participation au tournage du film la Genèse du cinéaste Cheick Oumar Sissoko en 1996 Nous avons vécu dans le petit village de Hombori pendant un mois avec la fine fleur des artistes maliens. Depuis les repérages dans les cailloux du Hombori Tondo jusqu’à la montée des marches au festival de Cannes et la standing ovation qui a suivi la projection. Nous avons pu vivre de l’intérieur une culture ou le partage est une évidence et non un devoir ou une morale. Nous avons pu vivre la richesse d’un pays officiellement un des plus pauvre du monde. Comme des musiciens, ils ont élargis le cercle pour que chacun puisse jouer comme il entend. « Qui sont ces deux blancs sur le marché ? » demande -t-on au comédien Habib Dembélé, il répond « Ce ne sont pas deux blancs, ce sont Catherine et Bernard » Depuis Habib dit « Guimba national » triomphe sur toutes les scènes du monde. En 1985 un long séjour de deux mois avec Jean Marie Gibbal chercheur au CNRS pour étudier le culte du Ghimbala autour du lac Débo. Nous construirons une pinasse qui servira de modèle à toutes les pinasses circulant aujourd’hui pour la découverte du fleuve Niger. Almamy Yattara le grand traditioniste malien nous accompagne.Nous publierons quelques années plus tard comme responsable des éditions Grandvaux : "Almamy" T 1 et T2 témoignage recueilli par le professeur Bernard Salvaing qui obtiendra en 2004 le grand prix littéraire d’Afrique noire, mention spéciale. En Janvier 2009 nous partons avec Hassan chauffeur du ministère du tourisme vers l’ouest par des pistes improbables et peu connues qui nous mènent aux fabuleuses chutes de Gouina, un aigle royal tourne dans le ciel. Non seulement l’endroit est magnifique mais nous sommes frappés par la complicité qui nous lie à Hassan heureux de découvrir son pays qu’il connaît pourtant dans les moindres recoins.
Vos plus belles surprsises ?
Le site de Terya Bugu, le village de l’amitiè crée il y a quelques années par le père Vespieren. Tout à la fois ferme, exploitation, centre de santé , de scolarisation et campement touristique. Ici vivent près de 500 personnes. Les problèmes de développement semblent trouver une solution évidente et simple. De jeunes maliens motivés et heureux sont fiers de faire fonctionner ce complexe qui force l’admiration : légumes du jardin, miel d’eucalyptus, energie douce, élevage... un petit coin de paradis.
Votre itinéraire à découvrir en famille ?
La plus belle découverte à faire au Mali est sûrement celle des maliens. Ecouter, regarder, en laissant les stéréotypes sur l’Afrique de côté. La parenté à plaisanterie est une véritable institution qui s’exerce à tout les niveaux avec subtilité et finesse. Elle s’applique par extension aux amis proches. L’humour comme vertu cardinale voilà une valeur qui vaut le voyage. Que ce soit en pinasse sur le fleuve Niger, à pied dans le pays Dogon ou tout simplement au cours d’une conversation dans un taxi à Bamako on peut donner et recevoir.
Les points forts de la collection Evasion selon vous.
Donner un maximum de points de repère, d’informations toutes vérifiées et vécues en laissant le lecteur libre de sa forme de voyage. Nous essayons de parler au lecteur comme à un ami avec qui nous partagerions nos expériences nos amitiès. Le tourisme devient alors un fantastique vecteur de découvertes réciproques et un rempart contre la pensée préfabriquée.
voir aussi :
http://www.letempsestdoux.com/mali-guide-evasion.php ?osCsid=5e92bf9b03c8cd38dd4da97a88f098c7
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