Nous avions un peu l’impression d’être dans un film, avec le décor de cette salle historique tapissée de rouge, une ambiance un peu feutrée où l’on entendait dans les conversations le français, l’anglais, le bambara.. Ceux qui, ce soir du 18 mai, ont assisté au concert de Toumani Diabaté et de ses amis au Casino de Paris pourront dire "j’y étais". Pourtant le concert n’avait pas vraiment bien commencé. le son était approximatif et lors du premier morceau les musiciens avaient, semble-t-il, du mal à se trouver. Pour ceux qui connaissent la musique d’Ali Farka, et surtout la rencontre magique de ces deux musiciens d’exception lors de l’album "in the heart of the moon", toute tentative de reconstitution est vaine. Et puis Toumani parla : " il ne faut pas chercher à refaire Ali Farka Touré... Ali était une banque de musique". Alors le concert bascula, les invités se succédèrent comme libérés : le pays mandingue débarque avec le griot, Un merveilleux dialogue entre "M" et Toumani répondait à cet autre dialogue historique, David Tahirou fait chanter la salle à la façon d’un Bobby Mc Ferrin, la salle se lève, la chanteuse Fantani Touré débarqué "fraichement " de Bamako est accueillie avec enthousiasme par ses amis, on danse sur la scène, on danse dans la salle... Toumani salue le très haut et tous les artistes présents. Il n’est pas tard, personne n’a sommeil, un dernier blues du bonheur tiré d’une émotion universelle comme un rendez-vous "promis juré" au prochain festival Ali Farka Touré à Niafunké les 10 et 11 décembre 2010. "Et là, je vous assure, vous en entendrez encore plus, à bientôt à Niafunké" lance Toumani Diabaté. Si les musiques de Toumani Diabaté et d’Ali Farka Touré ont une telle force c’est qu’elles puisent leurs sources dans des cultures profondément humanistes. "Alors que l’économique prend de plus en plus de place, il ne faut pas oublier la culture", c’est Toumani Diabaté qui vous le dit, lui l’héritier de 75 générations de griots, vous pouvez compter, il nous renvoie directement à l’époque de Sundjata Keita.
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