Après la conférence de presse de François Hollande à l’hôtel Sofitel, très policée et feutrée, nous allons casser une petite graine au Temperarte, alias « le kilo ». C’est un restaurant où l’on se sert soi-même et l’on paye au poids. Il existe aussi un autre système utilisé par Jean-Claude sous forme de forfait à volonté. C’est quand même surprenant de voir ces journalistes accrédités à l’Elysées qui suivent le président de discours en discours, ils ont passés semble-t-il la nuit dans l’avion, vont se taper deux conférences de presse écouter un discours le même pour l’essentiel que celui fait à la Vilette il y a 8 jours pour repartir à Paris. Qu’est ce qu’ils peuvent bien raconter puisqu’il ne voit rien. Le chargé de communication a bien essayé de leur expliquer que la France aller vendre des rafales avec contrairement aux Etats-Unis un transfert de technologie, il ne sembleit pas passionné par le sujet. Quant à Claude Marie Vadrot toujours dans le secret des Dieux, il m’ affirmé que cela ne se ferait pas. A bon ! Nous décidons de prendre le métro jusqu’à la station Carioca. Impossible de la manquer, les slogans sonnent dans cette magnifique station. Quelques peintures rupestres sont reproduites sur le mur. Nous sommes happés par une mer de drapeaux rouges et l’on se perd vite de vue. J’arrive à me hisser sur le camion d’une organisation. L’avenue Rio Branco est bourrée à craquer : 50 000, 100 000 manifestants ? En tout cas, il y a du monde. Il y a toutes sortes de groupes, les sujets sont nombreux : la forêt, les problèmes liés aux barrages, l’éducation, la lutte des femmes, le socialisme. Devant le théâtre se tient une magnifique expo de photographies d’Arthus Bertrand. Je sais, il énerve beaucoup et la présence de Michelin et Total peut être discutable, mais je dois reconnaître que les photos, les légendes, en tout cas l’ensemble est d’une grande qualité. La beauté des catastrophes ou comment faire de l’esthétisme avec des drames La pluie tombe, le soleil a disparu, les drapeaux et les poings des militants traversent la nuit. Je retiens des visages graves, un globe terrestre dansant porté par des dizaines de personnes, Cela m’évoque un peu le jarre du roi d’Abomey Guézo : si chacun met un doigt dans un trou, ensemble tout peut arriver. « Power to the people », lance un Américain noir dans le micro. Vu son âge, je m’imagine que nous étions peut-être ensemble à Washington à chanter à l’unisson We Shall Overcome... La manif se disperse tranquillement. Je reprends le métro après une petite promenade dans le quartier. Je ne sais si cette manif fera reculer les multinationales, mais je suis envahi d’un grand bien -être. Dans ce bistro où je sirote une cerveza, Billie Holiday chante le blues...
Bernard Desjeux Rio le 20 juin 2012
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