Rio carnet 5 Les héros de Rio
le 18 juin, je me rends à l’appel d’Edgar Morin au workshop international "la terre est inquiète , quelle force morale pour un contrat social pour le XXIème siècle" . Les déplacements dans Rio sont une épreuve devant l’avalanche de propositions, il faut choisir son programme sans être trop gourmand au risque de passer une partie de la journée dans un taxi. Les petits-déjeuners JNE sont passionnants, j’essaye de me faire une idée, chaque journaliste s’organise en fonction de ses pôles d’intérêts. Il y a ceux qui travaillent globalement sont au courant du dernier enjeu des "négos", du dernier clash, des enjeux politiques, du side event...ceux qui vont de sujets en sujets. Lorsqu’on est au cœur de cette ruche où chacun tapote sur son ordinateur, je suis perplexe quant au fonctionnement de l’information. Comment peux-t-on résumer en quelques lignes même longues les tendances de ce sommet ? En tout cas ce workshop qui se tient devant une salle comble de jeunes élèves enthousiastes est vivifiant et me donne un moral d’enfer, Edgar Morin est accueilli sous une ovation et se lance dans un discours flamboyant d’humanité : "l’autre n’est pas le barbare" Philippe Desbrosses "On continue à nous dire que c’est l’agriculture industrielle qui va nourrir le monde, c’est le modèle le plus désastreux que l’homme ait inventé... on ne peut pas se passer de manger...la révolution verte est une mystification..L’agronomie est la science de la gratuité". Marina Silva, ancienne ministre de l’environnement : "consommer consommer...produire, produire..." Raoni, grand chef indien : "vous êtes des professeurs et vous avez vos connaissances moi j’ai mes valeurs aussi, je ferais construire un aéroport et je vous inviterai... je suis fatigué, je vais me reposer..." Corinne Lalo montre un film passionnant sur la culture du riz à Madagascar qui explique qu’en repiquant les plants de façon plus précoce on peut augmenter de façon significative les rendements tout en économisant l’eau. Dans le restaurant de l’école, je me retrouve avec un agriculteur haïtien, un médecin pratiquant la médecine naturelle, Yvonnick Huet d’Agri sud qui a passé sa jeunesse comme volontaire du progrès à Diffa. Vous connaissez Diffa ? moi si, ce n’est pas compliqué c’est à environs 1500 Km à l’est de Niamey au Niger à 200 Km du lac Tchad. Ces instants de partage sont trop courts, sur une autre table Philippe Desbrosses répond inlassablement à des étudiants... Depuis mon arrivée, je voulais aller au jardin botanique de Rio un des plus impressionnant parait-il du continent nous prenons un taxi avec Corinne Lalo, des heures d’embouteillages à l’aller et au retour, mais le jeu en vaut la chandelle, le jardin est magnifique en bordure du parc national. Retour pour la fin de journée du colloque et je finis la soirée par un petit cocktail qui réunit les participants du colloque, il me faudrait doubler mon nombre d’oreilles pour tout écouter : un entrepreneur agricole Algérien hadj Khelil diplômé d’oxford et d’une grande école parisienne avec qui je parle de bayoud dans les palmeraies de Biskra et Béchar, Sandrine Bélier qui parle des négociation, Edgar Morin que je vois pour la première fois de si près, nous avions tellement aimé avec Catherine son "journal de Californie" qui nous avez donné envie de le découvrir plus. Non je n’ai pas les idées claires. Mais ce que je sais c’est que la petite flamme qui s’est allumée, il y a bien longtemps n’est pas prête de s’éteindre. Bernard Desjeux Rio je crois qu’on est le 20 juin.
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