A l’image d’une architecture qui joue avec l’ombre et la lumière, le sacré et le profane, la vie privée et familiale se déroule à l’abri des regards dans l’intimité, laissant les rues désertes, tandis que la vie sociale fait exploser la vieille cité lors de la Semaine sainte et de la Feria de printemps.

Tout commence avec la Semaine sainte où des milliers de pénitents vont déambuler jours et nuits dans les ruelles. D’inombrables théories de nazarenos, les pénitents, envahissent la ville en silence.
La confrérie est précédée d’une croix entourée par les dignitaires marchant devant les "pasos", ces plateformes de plusieurs tonnes surmontées de statues de bois polychromes, richement décorées de fleurs et de dorures. Elles supportent les scènes de la passion du Christ, suivies d’une vierge au visage lumineux.
Mélange de la vie et de la mort, contraste entre une foule bruyante et agitée et les nazarenos silencieux, recueillis, alignés dans une odeur de cire et d’encens. La vierge pleure à l’infini des larmes de verre entourée d’une pléiade de bouquets de roses et d’argent, vêtue d’une immense robe cousue d’or et d’argent terminée par une longue traine.

Pendant douze heures, la confrérie va sillonner la ville dans un parcours minuté, largement diffusé dans les dépliants du syndicat d’initiative.
La foule se presse aux balcons d’où, parfois, s’échappe un chant poignant auquel répond un autre chant provenant d’une autre fenêtre. La “saeta” est une longue plainte, hommage, dévotion, issue du plus profond de l’être.

La foule est innombrable, des dizaines de milliers de personnes évoluent dans une ambiance de kermesse : bières, frites, tapas se consomment sans modération dans un niveau sonore de conversation et d’éclats de voix incroyable pour un habitué des ambiances feutrées des chemins de croix français.

Pour les jeunes, la semaine est fériée. Étudiants, collégiens se retrouvent au passage des confréries, curieux mélange de tradition et de surprise-partie. (à suivre)

texte et photos Catherine et Bernard Desjeuxbr