Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes | |
Mai 68,Mai 2008 : quarante ans d’indépendance. remember Tommy Smith |
|
Auto interview et réciproquement...(à la demande de la Nouvelle République) Bernard Desjeux, vous êtes journaliste, reporter photographe indépendant et en 1992 vous avez créé les éditions Grandvaux avec votre femme Catherine, vous êtes papa de Claire, Eric et grand père de Théo. Si j’évoque avec vous Mai 1968, à quoi pensez vous ? Tes quoi ? ça c’est une question que mon fils me posait quand il était petit et que parfois (rarement) mai 68 venait dans la conversation à la maison. Et vous trouvez ça drôle ? En 1968 vous étiez ou ? Ben alors ? Ah bon ! Tiens tiens cela me dit quelque chose. J’ai été élevé comme Jacques Brel « entre l’honneur et la vertu ». Dernier d’une famille bourgeoise de sept enfants, je fais partie du baby boom et des « bébés ogino ». La deuxième guerre mondiale est toute proche et ma maman a sûrement dû utiliser des tickets de rationnement pour me nourrir. Et voilà que l’on refusait la société de consommation ! Ils se sont mariès en 1934 et mon papa a fait « une belle guerre » comme on disait : groupe de reconnaissance à cheval, évadé, armée de Lattre en 45, il fut décoré de la légion d’honneur. De ma mère très catholique, (c’est peu dire) j’ai retenu deux ou trois trucs qui m’allait très bien « aimez vous les uns les autres » . C’est vrai qu’on a un peu détourné la chose on disait : « aimez vous les uns sur les autres ». En fait, je voyais un décalage entre ce qu’on me serinait à la maison et les faits autour de moi, pêle-mêle : le collège jésuite qui formait les « jules et les Prosper de la France de demain » j’ai été viré. La guerre du Vietnam, l’apartheid contre les noirs aux Etats-unis, les pays sous-développés comme on disait à l’époque, les premiers balbutiement de l’écologie à travers Bertrand de Jouvenel qui parlait de « deséconomies externe » pour les contreparties de la croissance. Le club de Rome... Et la révolution dans tout ça ? 68 a été une immense déflagration mondiale de la vie sur le vide, un printemps des idées, des comportements, un bras d’honneur, un éclat de rire « un rire solitaire protestation vitale de la liberté contre la pensée préfabriquée, dernier rempart de l’homme libre contre les mécanismes de la tyrannie. » écrivait Jean Marie Domenach. Et donc ça partait dans tous les sens : de l’université de Berkeley aux USA à Rome en passant par Dakar, Prague ou le Biaffra. Alors bien sûr chacun y allait de son couplet. Les gens parlaient, disaient n’importe quoi, tout et son contraire. La parole était libérée, une gigantesque psychanalyse universelle. « Ici on spontane ! » Depuis les étudiants politisés avec leur révolution Trosquiste ou Mao jusqu’au tenant des paradis artificiels. J’ai été sauvé par un sens terrien forgé par les petits matins au bord de la Sauldre. Il a fallu naviguer dans tout ça, faire ses choix. On avait tout envoyé baladé, il fallait avancer. « La vie est comme une sculpture, ce n’est qu’à la fin que l’on peut voir ce que cela donne » nous expliquera un peu plus tard notre ami Pierre Verger. En attendant, il y a la création quotidienne « l’imagination au pouvoir ! » Alors j’ai pris mon sac et je suis parti voir le monde... Mais enfin tu es qui toi qui me pose des questions à la noix ? Moi ? je suis toi, « je est un autre ». C’est vrai que lorsque je me regarde dans la glace...En tout cas lorsque je me regarde dans le cœur, je vois toujours la petite flamme de l’auvergnat de Brassens qui brûle à la manière d’un feu de joie. « Tout ce qui monte converge ! » Des questions je n’ai pas fini de t’en poser... Allez ! buvons encore une dernière fois à l’amitié, l’amour la joie. Demain est un autre jour. Enfin moi ce que j’en dis... Bernard Desjeux Dernier photographe avant l’autoroute. A lire : Afriques, tout partout partager de Catherine et Bernard Desjeux, préface de Ray Lema éditions Grandvaux. *Frédéric Denis était un ami Haitien, son frère homme de thèâtre , nous avions été le voir la dans la tragédie du roi Christophe à l’Odéon, Ce frère deviendra ministre de la culture d’Haïti, je le retrouverai au Bénin en 1992 . Mon ami Frédéric serait devenu fou après un passage dans les geole de papa doc Duvalier, je n’ai plus de nouvelles. |
|
l’espoir luit comme un brun de paille dans l’étable ! | |
© Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes http://bernard.desjeux.free.fr Retour à la page précédente |