Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes
	Mali. Kidal : Fichez nous la paix !
	Nous n’étions jamais allé jusque-là, depuis toutes ces années. Une chose est sûre : ces zones d’insécurité restent très marginales dans un pays où des millions de gens n’aspirent qu’à vivre en paix. Nous avons pu constater une nouvelle fois l’extraordinaire force vitale du Mali, dont le pilier principal est l’humour. « La parenté à plaisanterie » établie par l’empereur mandingue Soundjata Keïta pour régler les problèmes est un cas unique d’organisation sociale qui perdure depuis des siècles. En gros : plutôt que de vous faire la guerre, balancez-vous des vannes, ça fait moins mal ! Lorsque nous sommes arrivés à Kidal (1600 km de Bamako), les habitants venaient nous serrer la main avec de grands sourires. « Nous voulons la paix » : voilà ce que nous avons entendu à de multiples reprises. Au cours de notre bref séjour nous avons fait la rencontre merveilleuse du Mufti de Kidal à qui nous avons remis le dossier d’un projet, appuyé par Bernard Salvaing et Pierre Boiley. Il s’agit de collecter, d’archiver, d’étudier de traduire des centaines de manuscrits dont certains sont vieux de plusieurs siècles. On a l’impression, et c’est le cas, d’être devant des monuments historiques : correspondances de lettrés, un coran écrit en arabe annoté en tamashek (langue touarègue) avec l’alphabet arabe... À voir la passion de cet homme dans sa modeste maison en banco (terre) pour faire connaître ces trésors, à voir l’énergie dépensée par les ministres du Tourisme et de la Culture, par leurs équipes pour faire avancer leur pays, cela nous motive pour peaufiner le guide évasion Hachette sur le Mali (textes et photos). Nous avons été frappé par le sérieux et le niveau des élèves et surpris par un centre de santé flambant neuf pratiquement vide. Kidal : longtemps zone interdite, résidence d’un sinistre bagne politique, fut le théâtre d’une rébellion dans les années 90. Il y eut quelques années calmes dans la foulée. Et puis patatras, rebelote, les kalachnikovs reprennent du service. On ne sait pas très bien qui tire sur qui et pourquoi, on ne saisit pas très bien le rôle de l’Algérie et de la Libye... Vu de près, c’est une histoire de famille. Tout le monde se connaît : des histoires de beau-père, d’élus, de députés, pas de quoi fouetter un chat. Pourtant, avec un peu de recul, c’est un peu plus compliqué : trafics en tout genre (drogues, armes, passages de clandestins, intégrisme, revendication identitaire, lutte entre fractions...). Info, intox ? qui fait quoi, quels appuis ? mystère et boule de gomme. Une chose est certaine : toute cette zone saharienne, de la Mauritanie au Tchad, est concernée et ce n’est pas une rébellion touarègue. D’ailleurs, il y a beaucoup de Touaregs dans l’armée malienne. "Fichez nous la paix" semble dire les habitants de Kidal. Texte et photos Catherine et Bernard Desjeux voir les sites : http://www.maliweb.net/category.php ?NID=39908 http://www.temoust.org/ Saâd Lounès - http://saadlounes.unblog.fr Kidal, 49ème wilaya d’Algérie 14 juin 2009

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