Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes
 
Postscriptum : Michel Polac se barre.
 

Michel Polac se barre ailleurs, où ? va savoir.
Nous nous étions rencontrés en 1974, lors de l’émission de télévision "Aux rendez-vous des grands reporters", invités par Roger Pic. Nous étions censés remplacer Pierre Verger, à sa demande, pour parler du vaudou. Je me souviens du visage épanoui de Michel se retournant vers nous lorsque Catherine avait commencé à mettre le souk lors de la répétition. Il n’a pas été le dernier à nous encourager. Quelle rigolade ! Roger Pic était aux anges.
À l’automne 74, pendant que Catherine attendait notre fille Claire, je ferai un film avec lui : question de confiance, enfin c’est surtout lui qui réalisera, mais l’ambiance était tellement agréable et conviviale que j’ai l’impression d’avoir fait beaucoup de choses. Ce film sur "l’enrichissement des tâches dans une usine" aura le grand prix du festival de Biarritz en 1975. L’ambiance avait un cousinage évident avec Chris Maker et son film sur la grève de Rodiaceta : la vérité du regard, le respect des hommes filmés et de leurs idées, la complicité de l’équipe. C’est drôle car Pierre Verger et Chris Marker refusaient tous deux de se montrer, refusaient d’une façon pathologique de parler d’eux en public, tellement ils avaient de respect pour les autres. Je me souviens que des années plus tard, invité dans une émission à parler de nous nous avions fui. Depuis, on s’est calmé.
J’avais pris l’habitude de garer ma mobylette et de sonner à la porte de son petit appartement du XVe arrondissement de Paris. Un de mes frères avait son bureau à l’époque juste en face, mais je préférais de beaucoup faire halte chez Michel. "On choisit ses copains, pas sa famille". Il rajoutait quelques nouilles, une assiette et je passais des moments merveilleux. Je lui posais mille questions auxquelles il répondait avec finesse et intelligence. Nous parlions beaucoup de l’Iran qu’il connaissait bien et où nous étions passé en autostop, chemin de Kathmandou oblige. Je me souviens de son sourire.
J’ai compris qu’il était beaucoup plus célèbre que je ne le pensais. Le masque et la plume que j’écoutais avec gourmandise c’était lui ? Intimidé, j’ai cessé mes visites. Il m’invita plus tard sur le tournage d’un film qu’il réalisait avec Raymond Devos... Je me souviens de son assistante au téléphone : "Monsieur Polac insiste pour que vous veniez..." Fidèle en amitié, en plus. Récemment, nous avions projet de faire un atelier d’écriture ensemble sur nos photos, il m’a répondu qu’il était fatigué...
En quelques lignes, je réalise que je viens de citer les gens qui ont compter à une époque de notre vie où nous cherchions notre route. En fait ils ont fait bien plus, ils nous ont montré la direction. Chacun sa route, chacun son chemin, soyez libres. Débrouillez-vous avec ce que vous avez. Quelle chance nous avons eue.

Postscriptum : je n’ai jamais regardé son émission Postscriptum, car je n’avais pas la télé.

 
 
 

© Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes
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