Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes
 
Bénin, Vodun et Orisha, la voix des Dieux
 

Vodun : la voix des dieux.

Quelle aventure ! Cela a commencé en 1972 au cours d’un long séjour d’un an et demi au Bénin, comme volontaire au service national, chargé du service audiovisuel du centre culturel français de Cotonou, par une rencontre déterminante avec Pierre Verger qui nous entoura de son amitié. Cela a continué par plusieurs séjours dont le dernier fut en décembre 1998, qui nous ont permis de constater l’évolution d’un culte, fondé autrefois sur l’initiation et le secret, qui revendique aujourd’hui une dimension culturelle, ciment d’une société où la religion relie les hommes et le cosmos.

La feuille de perroquet rouge entre les dents, le vodunon, le prêtre du vaudou, honore ses ancêtres divinisés. Danse, ferveur, rite. Les tambours rythment la pulsation du monde, unissent morts et vivants. A Tori, les jeunes initiées s’inclinent à terre pour nous saluer, frappent dans leurs mains, chantent, avant de se retirer dans la pénombre du couvent. Moments d’émotions, d’instants partagés au delà du réel. Épaules et pieds nus en signe de respect, dans un silence total, nous attendions assis dans la clairière du dieu Teido la fin de la prière que lui adressent ses prêtres. Ils se redressent tous maintenant, se dirigent vers le bœuf entravé. La foule se lève d’un seul mouvement, entoure les vodunon qui tendent leur lance vers le ciel puis la piquent vers l’animal à terre. Les foulards blancs qui ceignent leur tête focalisent les regards. Akplogan le ministre du culte pique le premier sa lance sur le corps du bœuf. Les prêtres tournent autour de la bête et toute l’assistance, lentement, s’ébranle au rythme de leur chant. Teido était, à la fin du XVIe siècle, l’ami d’Adjahuto, le grand ancêtre royal des trois dynasties d’Allada, Porto-Novo et Abomey. Nous avons eu la chance de suivre pendant six mois la plus grande cérémonie vodun qui a servi de modèles à toutes les autres. Tous les deux ans, les représentants de ces rois se retrouvaient à Allada pour fêter, honorer l’aïlleul qui disparut un jour dans une termitière. Offrandes, processions, salutations, piété, joie, retrouvailles se mêlaient pendant les cérémonie. Un soir, dans le palais d’Allada, nous en avons projeté les photos au roi Tohi. Les tambourinaires ponctuaient le passage de chaque diapositive. Ce fut l’occasion pour le roi de revoir certains rituels qu’il avait accompli dans sa jeunesse avant son intronisation. Il avait fallu, dans le plus grand secret, emprunter les fils électriques de l’église voisine pour faire fonctionner le groupe électrogène. Les moustiques se collaient sur le drap-écran. Assis par terre, nous écoutions le roi. Entouré de tous ses notables et conseillers, d’une voix rauque, il nous raconta l’histoire de son royaume, une histoire qui remonte à bien avant l’esclavage qui décima une partie de son peuple. Puis il parla d’Adjahuto, son ancêtre, qui serait le fils d’une princesse de Tado, au Togo tout proche, surprise et “séduite” par Agassou la panthère alors qu’elle puisait de l’eau au bord du marigot. Puis le marxisme arriva, le roi Tohi décéda. A Allada, le grand cycle des cérémonies royales fut interrompu.

Un panthéon où la nature est douée d’une âme. le vaudou, ou plus exactementvodun en fon, la langue principale du sud-Bénin, honore les ancêtres divinisés, un des chaînons les plus importants de la société des vivants. Les Yorubas les appellent orisha. Sans la protection de ces anciens, la vie est difficile sur terre. La cérémonie en quatre temps - prière, offrandes, sacrifices, communion à travers les danses et transe - est le moment privilégié pour ramener l’ancêtre parmi les vivants, le fêter, partager un repas avec lui, afin que, ne se sentant ni oublié, ni abandonné, il protège ses descendants tout au long de leur vie. Lorsqu’il est temps de rappeler aux vodun qu’on pense à eux, la cérémonie commence. Les dieux sont rédempteurs pour qui les respecte. Rien ne se fait sans les consulter, sans s’assurer de leur protection. Ils se comptent par centaines et leur hiérarchie varie selon les lieux : certains voient leur existence limitée à une seule famille élargie, d’autres ont une influence immense. Les ancêtres royaux comme les Tohossou, comme les Nessuhué, princes et princesses d’Abomey, deviennent des vodun communs à tout un peuple : par la “vodun-isation” des membres de la famille royale, le pouvoir politique des rois s’étaient accru à travers la crainte religieuse car vodun et orisha sont les intermédiaires entre les hommes, leurs descendants, et les créateurs suprêmes du monde, de l’univers, le couple Mawu-Lissa. Un couple inaccessible. Ces ancêtres, héros divins, sont souvent assimilés à des forces de la nature douées d’une âme, à des animaux : il y a les vodun de l’eau, de la terre, du tonnerre, des chemins... Héviosso, le dieu du tonnerre, de la pluie et des ouragans est toujours représenté sous les traits d’un bélier ; dan, l’arc-en-ciel, est un boa et la mer est habitée par des vodun commandés par Agbé, l’écureuil, car le mythe raconte que c’est lui qui a formé l’immensité océanique en urinant... L’un des cultes les plus spectaculaires est celui rendu au vodun Sakpata, divinité de la terre, toujours redouté car s’il doit punir ce sera par la variole, mal qui décima les populations africaines pendant longtemps. Ses fêtes sont marquées par les sacrifices de nombreux cabris, des danses et des chants. Autre vodun “universel”, Legba est représenté par des monticules de terre, symboles phalliques, aux croisées des sentiers, à l’entrée des villages, des maisons, des marchés... Il est le messager des autres dieux, appelé Eshu par les Yorubas. Rien ne peut être fait sans lui. Il est le gardien des temples, des maisons et des villes, de la terre et, donc, le régisseur de l’ordre social et politique. Il est susceptible, violent, irascible, rusé, grossier... La nuit, c’est Zangbeto qui devient le fantomatique gardien des rues : gare à celui qui n’est pas sage ! A Ouidah, Zangbeto est sorti le jour : toujours accompagné d’un initié, il tourne dans le marché, monnaye sa protection, parle d’une voix caverneuse. Son cône de paille fait se lever la poussière sur son passage. Sur sa “tête”, un masque est signe de puissance, de reconnaissance. A Sakété, petite cité de l’est du Bénin, nous attendons depuis le matin que shango, dieu du tonnerre et ancêtre lointain chez les Yoroubas, se manifeste. Les tambours bata organisent la danse : deux immenses cercles d’hommes et de femmes “balancent” dans la ferveur de l’attente. L’après-midi s’avance ; la tension est extrême, chacun se demande s’il sera désigné par Shango pour, l’espace d’un temps, le représenter sur terre... Une clameur accompagne celui qui est choisi, qui entre en transe. Aussitôt emmené à l’intérieur du “couvent”, il en ressort quelques instants plus tard paré de tous les attributs de sa divinité - vêtements, objets symboliques - salué, adulé, respecté. L’émotion est alors à son comble car Shango a répondu à leur attente : il est présent.

Je me souviens, lorsque invités pour la première fois à une cérémonie par un ami, nous avons plongé dans cet univers de sons et de couleurs, de danses et de lumière. Dans ce quartier de la ville de Ouidah, les fidèles arrivaient de toute part : immergés dans l’imbroglio des présentations familiales, nous nagions à grand renfort de poignées de mains et de sourires dans des verres de bière et d’alcool de vin de palme, le sodabi. En un an et demi, nous assisterons à des dizaines de cérémonies, mais jamais elles ne seront identiques ! Les fêtes peuvent durer une bonne partie de la nuit, dans la moiteur d’un climat proche de l’équateur, de la mer et de ses génies. Les enfants ouvrent grands leurs yeux, écoutent avec avidité les chants contant leurs aïeux, blottis sur le sol, sans doute déjà persuadés d’appartenir à une grande famille en osmose avec l’univers. Car du culte vodun découle une vision très écologique et très moderne de l’existence : l’homme s’intègre dans la nature dont il fait partie plutôt qu’il ne la domine. C’est ainsi que tout projet de développement ne peut réussir que s’il tient compte de ces croyances qui imprègnent toutes les familles du sud-Bénin depuis des siècles. La culture vodun est non seulement une religion avec ses temples, ses rituels et ses calendriers, mais c’est aussi une source d’inspiration qui a permis l’éclosion d’une littérature, d’un théâtre, d’une musique et d’un art plastique. Tapisseries, bas-reliefs, peintures murales ou tissages d’Abomey, tableaux et “masques-bidons” de Romuald Azoumé tout comme les sculptures des forgerons de la famille Dakpogan ou de Simonet Biakou imaginées à partir de la récupération de vieux matériaux, fondent leurs origines dans le culte vodun. En musique, la chanteuse Kidjo, originaire de Ouidah, est peut-être la plus connue.

Les retrouvailles au pays de Toussaint Louverture. En 1993, le Bénin décide de fêter à sa manière la découverte de l’Amérique en réunissant les descendants des hommes et des femmes emmenés en esclavage, emportant avec eux vodun et orisha. Prêtres et prêtresses du Brésil, de Trinidad et Tobago, de Haïti et du Bénin se recueillent ensemble dans la palmeraie et sur la plage de Ouidah d’où tant sont partis. Le roi Kpodegbé, le dernier fils du roi Tohi, nous reçoit à son tour dans son palais de Togudo, tout près d’Allada. Ingénieur, il a été récemment désigné comme nouveau roi. Il entend bien restaurer une autorité affaiblie. Une piste de latérite rouge mène au palais. Avant de passer le porche, nous nous déchaussons en signe de respect. Puis, guidé par un de ses notables nous traversons plusieurs cours et rentrons dans la salle d’audience. Un serviteur nous offre de l’eau dont il convient de verser quelques gouttes sur le sol de terre battue afin de saluer les ancêtres. Ce geste se répète à chaque fois qu’un visiteur passe le seuil de la maison. Dès que le roi paraît, ses “ministres” se prosternent à terre. Une de ses femmes l’abrite sous son parasol tandis qu’une deuxième l’évente en permanence. Assis sur son trône, tenant à la main une longue pipe et une canne argentée, le roi Kpodegbé dialogue à la troisième personne du singulier, entouré de ses “gens”. Le secrétaire royal, bien âgé aujourd’hui, fait office de ministre des relations extérieures. Il rappelle notre passage et la projection de photos : c’était lui qui nous avait traduit le discours du roi Tohi, il y a vingt ans ! Malgré la violente chasse aux sorcières des années 80, la religion reste la colonne vertébrale de toute la société. Daagbo Hounon, grand chef des vodunon de Ouidah, un chapeau haut de forme sur la tête, mène le cortège à travers les rues de la ville, va se prosterner dans le minuscule temple d’Avrékété, un vodun féminin fondateur de la ville. Il repart, suivi par des milliers de personnes sous un soleil écrasant, fait le tour des différents quartiers comme pour reprendre possession de son territoire. Les parasols virevoltent, parfois un prêtre exécute quelques joyeux pas de danse. Ce cortège fait immanquablement penser à la grande cérémonie pour la divinité Agbé ou Hu décrite par Pierre Verger : “C’est Hounon Dagbo le grand prêtre de Ouidah, d’origine Houla, qui fait lui-même cette offrande. Auparavant, du temps des rois d’Abomey, Hounon se rendait au bord de la mer, monté sur un bœuf blanc et, arrivé au bord des flots, il prononçait des paroles aujourd’hui oubliées ; les eaux s’ouvraient devant lui et il poursuivait sa route sur le fond de la mer, suivi des prêtres portant des offrandes et des animaux à sacrifier. Il partait au loin voir le vodun, ancêtre des Houlas qui serait autrefois venu de la mer. Quelques heures plus tard, Hounon revenait vers la terre, monté sur les épaules d’un porteur et suivi des prêtres qui ramenaient une partie de la viande des animaux sacrifiés au loin dans la mer et cuite là-bas... L’eau de la mer est rapportée dans une jarre (gozin).” La ville de Ouidah oscille entre une ferveur intime et profonde et un vaste champ de foire ponctué par les boites à rythme des bistrots. “Nous, on ne peut pas vivre tout seul, il faut que les anciens nous aident” explique Faustin, un jeune de vingt ans. Il se faufile parmi les ruelles de terre rouge, entre dans une échoppe : lait concentré, sauce tomate, pétrole pour les lampes-tempête, tortillons contre les moustiques... Puis il pénètre dans une concession que rien ne distingue : un dédale de cours délimitées par des murs peints en rose, au fond une buvette et un petit restaurant, quelques tables sous un toit, deux banquettes et une table basse.

Les novices garantissent la survie du culte. La nuit tombe. Sur une petite place dominée par un arbre immense, le tambour résonne. Soudain, de l’obscurité, surgissent une dizaine d’initiés à Ogun, le dieu yoruba des forgerons et de tous ceux qui utilisent le fer. Les novices sortent du couvent, juste vêtus d’une jupette de fibres végétales, la tête et le buste oints d’un mélange d’huile rouge de palme et de farine de maïs. Ils dansent, arpentent à grandes enjambées la place, tournoient par petits groupes de deux ou trois, s’aspergent du mélange huileux jaunâtre, se précipitent vers les “spectateurs” les yeux fixes, hébétés... Un homme de l’assistance entre en transe. La tension monte, quatre des initiés l’entourent, lui posent la main sur la tête, l’agenouillent, lui tapotent le crâne puis l’assoient à côté des tambours où il reste, sagement, abruti, comme dans un autre monde. Tout autour les danses continuent, impressionnantes de violence contenue. Les novices garantissent la survie du culte. Assistant dans une concession d’un quartier d’Abomey à une cérémonie, nous voyons de jeunes initiées présenter les nouveaux asen, les autels portatifs des morts, au chef de famille. Les offrandes ont été réunies devant la case des ancêtres pour qu’ils participent au repas collectif : haricots noirs, poulets, pains, boules d’amio et d’akassa, les pâtes de maïs, sauce aux gombos, à l’agouti... Les plats en émail sont alignés sur une natte, présentés à toute l’assistance dans la fierté légitime du respect de la tradition. Après la prière des vodunon, viennent les offrandes et les sacrifices d’animaux réalisés dans le calme et la sérénité religieuse puis les tambourinaires dirigent le pas des Nessuhué, les princesses d’Abomey, rythment les différentes étapes de la cérémonie, appellent à la danse pendant laquelle l’initié représente l’ancêtre. Chorégraphie structurée, elle est le prémisse à la descente du dieu sur terre. Elle en ravive le mythe, en mime le tempérament, les hauts faits : à un dieu impétueux correspondent des pas endiablés, vifs, désordonnés même, tandis qu’un autre, doux et serein, verra ses adeptes glisser nonchalamment sur le sol, en des mouvements lents et harmonieux, rythmes appris lors de l’initiation, apprentissage du comportement nécessaire à la “venue” du dieu.

Le coma sacré : une technique d’anesthésie et de réanimation traditionnelle.

Certains lieux sont secrets parce que sacrés. Pour y pénétrer, il faut donc avoir été “consacré”. L’initiation se passe dans des couvents où les novices apprennent à danser, à parler la langue particulière du culte, à dire les prières, à connaître toutes les particularités de leur dieu, à entretenir les autels sans lesquels la divinité ne serait plus servie. Choisi au cours d’une cérémonie par l’ancêtre lui-même, l’appelé à l’initiation rentre au couvent après une mort symbolique, le coma sacré, afin de renaître à une nouvelle vie : c’est pourquoi le couvent s’appelle “la maison des morts”. Une fois cette période terminée, chacun retrouve le chemin de sa maison, de son activité : la marchande de volaille, l’artisan, la mère de famille reprennent leur vie de tous les jours mais participent à toutes les cérémonies, prêts à se laisser “chevaucher” par leur divinité, prêts à rentrer en transe pour qu’il puisse s’exprimer, prêts à maintenir tendu le fil de la vie. Les comportements lors de la cérémonie découlent en partie de l’absorption de plantes utilisées en mélanges dont la composition reste secrète. Jérôme Médégan Fagla, médecin et biochimiste, en étudie aujourd’hui les molécules dans son laboratoire de l’université nationale du Bénin. Grâce à ses recherches, il soigne la drépanocytose, une maladie réputée “incurable”, un immense espoir si cette découverte se confirme, pour des millions de Noirs qui souffrent et meurent de cette maladie qui affecte les globules rouges, jusqu’à détruire l’organisme. Il pense que la médecine aurait tout à gagner d’utiliser plus le savoir vaudou : pour lui, le coma sacré est une technique d’anesthésie qui comporte très peu de risques et la technique de réanimation par pressions utilise des points précis sur le corps qui pourraient être utilisés par la chirurgie moderne.

La lueur de la lampe à pétrole éclaire le pagne coloré d’une danseuse. Le nouveau grand tambourinaire coiffé d’un foulard blanc est le cœur de la cérémonie. Il est la voix des Dieux.

Bernard et Catherine DESJEUX

ENCADRE

La religion Vaudou dans le monde.

Le vaudou s’est acclimaté hors d’Afrique et compte aujourd’hui des millions de fidèles. Reconnu comme source de valeurs de civilisation, il prend au Brésil, à Cuba, les noms de “candomblé”, “macumba”, “chango”, “santeria”. Pour Pierre Verger, qui passa une partie de sa vie à étudier “le flux et le reflux de la traite des nègres entre le golfe de Bénin et Bahia de todos os santos” “c’est une religion d’exaltation de la personnalité des gens au lieu d’être comme ces religions dites révélées qui transforment les gens en pêcheurs qui doivent être sauvés d’on ne sait trop quoi d’ailleurs.” En Haïti, le syncrétisme avec la religion catholique est très marqué. Les génies, le Bon Dieu, le Christ et la Vierge font assez bon ménage. La vaudou existe également à la Jamaïque, à Trinidad et même dans le sud des Étas-Unis où la magie blanche et noire s’appelle encore “hoodoo”. Il y est souvent fait référence dans la musique rock de Jimmy Hendrix ou, plus récemment, le dernier disque des Rolling Stones. Dans le vodou haïtien, les zobob sont des individus malfaisants qui, pour s’enrichir rapidement et sans effort, ont pris “un point chaud” chez un sorcier puis, à la suite de leur commerce avec les mauvais esprits, finirent par perdre tous scrupules pour s’adonner au mal par simple plaisir. Le dictateur “Papa Doc “Duvallier utilisa abondamment ces forces pour maintenir son pouvoir.

Note pour l’orthographe : En français Vaudou, pour l’Afrique Vodun et pour Haïti Vodou.

 
 
 

© Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes
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