Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes
 
France, 28 mai 2015 Dany Laferrière intronisé à l’Académie Française.
 

"J’ai réussi en écrivant ce livre à détourner le regard de la question de l’identité, aujourd’hui j’espère avoir peut-être réussi à amener les lecteurs, sur mon propre terrain, tout en ne changeant pas pour autant ma personnalité et ma vision de la littérature. Ce terrain est celui de l’enfant étonné et ravi que le monde puisse lui appartenir, pas dans le sens de la propriété, mais dans le sens où il puisse aller partout sans se soucier des frontières." Dany Laferrière interview dans Africulture

Ce fut une cérémonie ou l’émotion irrigua la force de caractère, le sens du partage, l’humour et l’intelligence pour atteindre l’excellence. "...Je me sens très fier, mais je ne me sens pas de manière singulière car il y a tellement de gens qui partage cette joie avec moi que je voudrais me perdre dans cette foule...". Dany sans mollir joue devant les photographes et les télévisions avec son épée au bout de laquelle est dessinée une plume en compagnie de Legba. "Legba, ce dieu du panthéon vaudou dont on voit la silhouette dans la plupart de mes romans. Sur l’épée que je porte aujourd’hui il est présent par son vévé, un dessin qui lui est associé. Ce Legba permet à un mortel de passer du monde visible au monde invisible, puis de revenir au monde visible. C’est donc le dieu des écrivains."
Dany par ci Dany par là, Dany embrasse, sers des mains pose volontiers avec ses amis devant les photographes. Dany, c’est Dany pour tout le monde, il partage. Dany nous est familier par ses livres, on le connaît bien, sa grand-mère du village de petit-goave ou il a passé son enfance, sa copine Vava et sa robe jaune, Baba personnage imaginaire plus vrai que vrai, il ne s’étonne pas si on lui demande de leurs nouvelles.
La première fois que je l’ai rencontré, je l’ai tutoyé spontanément comme un vieux pote, il m’a répondu avec son magnifique sourire débordant de gentillesse. Dany force le respect par sa simplicité. "Bien sûr, vous avez connu les épreuves que connaissent tous les migrants. L’usine, les trains de l’aube, les chambres insalubres, et ces regards qui vous scrutent, qui vous dépouillent, qui vous classent. Mais vous avez pris ces désagréments pour ce qu’ils étaient : des rites de passage. Vous n’aviez aucune envie de vous installer dans l’amertume, ni dans la récrimination. Vous n’êtes pas allé vers le Nord pour gémir, ni pour quémander, mais pour découvrir, pour bâtir, pour aimer, pour conquérir. Cette posture de victime, que l’esprit de notre époque nous pousse à endosser, vous n’en n’avez pas voulu. Vous étiez censé décrire vos souffrances d’enfant ; vous avez décrit les mangues juteuses et l’odeur du café ..." Amin Maalouf sait de quoi il parle et il y a visiblement une complicité entre ces deux hommes, ça fait du bien.

-  êtes vous immortelle ?
-  Oui bien sûre, attendez pour voir...

Merci monsieur Laférierre.

Bernard Desjeux

PS. Entendu sur France 3 :

le journaliste : alors avec l’Académie française, vous allez changer ?
Dany : non, moi je ne change pas l’académie peut changer moi pas.
le journaliste : votre prochain livre ce sera quoi ?
Dany : Ce sont plutôt les livres qui m’écrivent...
Je préfère résoudre les problèmes sans les affronter .

voir aussi :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2015/05/28/006-bernard-pivot-dany-laferriere-academie-francaise.shtml

http://www.la1ere.fr/2015/05/28/dany-laferriere-est-entre-l-academie-francaise-en-evoquant-haiti-cesaire-et-senghor-259585.html

 
 
 

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