Bernard et Catherine Desjeux Journalistes - Reporters - Photographes
 
Kandioura Coulibaly, l’homme libre.
 
L’immense artiste Kandioura Coulibaly vient de nous faire une mauvaise blague il a rejoint un autre monde en nous laissant sa joie de vivre, sa vision d’un monde ou l’homme serait indépendant d’où qu’il soit, indépendant de toute forme de pouvoir, libre de créer, d’inventer, de parler avec le cœur, un monde à hauteur d’homme... Ce monde nous le vivons au quotidien avec cette famille inventée, recréé ou l’autre est perçu comme une richesse, une force collective qui renforce chaque personnalité. C’est ce qu’ils avaient inventé ensemble dans ce groupe Bogolan Kasobané. Nous nous sommes connus en 1994 dans les cailloux du Hombori pour les repèrages du film le Génèse de Cheick Oumar Cissoko nous étions 7 avec Baba fallo Keita, Kandioura Coulibaly, Jean Louis Sagot Duvauroux qui avait écrit le scénario, Petit Camara. Ils se serrait dans la voiture à 4 derrière pour nous laisser devant avec Catherine. Il fallait beaucoup d’imagination pour penser pouvoir tourner ici loin de tout, un film en 35mm qui sera sélectionné au festival de Cannes "un certain regard" et la projection saluée par une standing ovation. A Bamako, Nous aimions venir boire un thé qui durait jusque tard dans cette maison carrefour d’amitié, Fantani et Habib n’était pas loin. Parfois quand Kandioura reconnaissait quelqu’un sur l’écran de télévision il lui parlait : "et, on mange". Quand il se mettait au travail rien ne pouvait l’arrêter. "je ne dessine pas de modèle, j’aurais l’impression de me répéter." Quand il sortait ses perles il les regardait comme s’il les voyait pour la première fois. On écoutait sans se lasser Kandioura réver tout haut : "Le cinéma c’est un monument qui bouge" lorsque l’on se quittait : "le meilleur fax c’est celui du cœur ! " N’empêche Kandioura on ne s’était pas tout dit, il restait encore tellement. Tu étais venu avec Boubacar Doumbia nous visiter en France dans notre brousse de Sologne pour montrer le Bogolan, tu avais "lavé" dans l’eau de notre étang comme pour parler à la nature, comme pour sceller cette amitié dans l’eau, source de toute vie. Tu nous demandais toujours des nouvelles des poissons, du cheval et des enfants... N’empêche on te garde au fond de notre cœur... On voudrait sortir une dernière vanne, une pirouète, un pied de nez... Dur dur quand même. Kandioura merci pour tout.
Catherine et Bernard Desjeux
 
 
 

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